DRESSCODES 13

Nous parons le corps pour un certain nombre de raisons. Il y a bien sûr les raisons pratiques. Je mets un pull épais quand j'ai froid, j'ajoute des chaussettes quand mes pieds frissonnent sur le carrelage froid de la salle de bains. Mais je ne mets pas n'importe quel pull ou n'importe quelles chaussettes. Les pulls et les chaussettes qui se trouvent chez moi sont là pour une raison, ils ont été introduits dans mon espace pour des raisons qui dépassent le simple aspect pratique. Les vêtements communiquent également avec les autres. Dans les années 1950 et 1960, Roland Barthes a entrepris ce qui est considéré comme la tentative la plus exhaustive de codifier le vêtement en tant que langage. En parcourant les magazines de mode français Elle et Jardin des Modes, il a appliqué une approche sémiotique visant à isoler les liens entre le signifiant et le signifié, entre une partie d'un vêtement et la chose qu'il représente. Cependant, je soutiendrai que l'approche sémiotique échoue et ouvre la possibilité d'une autre approche. Dans Adorning Bodies (Bloomsbury 2022), je soutiens que la bonne approche pour comprendre la signification des vêtements s'inscrit dans la tradition du philosophe du langage Paul Grice. En particulier, je soutiens que sa distinction entre le sens naturel et le sens non naturel peut s'appliquer à une grande partie de ce que nous faisons avec les corps et les ornements. Je présenterai et défendrai également ma nouvelle catégorie de sens, appelée imitation du sens naturel, qui s'appuie sur Grice. Enfin, j'expliquerai comment nos pratiques de parure sont liées aux théories de Charles Darwin et sont partagées par les animaux, qui s'engagent également dans l'imitation du sens naturel.