DRESSCODES 3
Messy methods and ‘going strange’ with fashion: Researching the fashion intermediaries’ community as an insider-becoming-outsider
Cette intervention portera sur les méthodologies et les épistémologies qui ont soutenu ma recherche doctorale, consacrée au travail des agents de mode et aux showrooms à Paris. Mon projet était une étude ethnographique ancrée dans la sociologie phénoménologique et nourrie par ma propre expérience professionnelle d’agent, exercée pendant plus de dix ans avant mon entrée dans le monde académique. Les données analysées dans ma thèse ont été recueillies par le biais de l’ethnographie, de l’autoethnographie et d’entretiens menés lors de la Fashion Week de Paris entre 2017 et 2019, et analysées à l’aide d’une analyse thématique.
Bien que je connaissais intimement le monde de la mode en tant que professionnelle, mes observations et mes entretiens m’ont surprise et ont nécessité un changement de focale. Ma question de recherche initiale portait sur le travail esthétique des agents de mode, à travers la présentation corporelle et vestimentaire dans leur environnement professionnel. Cependant, les entretiens et observations ont révélé la nécessité de repenser et d’élargir le concept de travail esthétique appliqué à la mode, en prenant en compte l’importance, pour les agents, de créer et de se laisser enchanter par les atmosphères et les régimes affectifs des showrooms dans lesquels ils évoluent. Ce changement de perspective a également impliqué un ajustement méthodologique, en mettant davantage l’accent sur une ethnographie mobile et multi-située, ainsi que sur l’autoethnographie, et moins sur les entretiens ; et, à terme, un déplacement épistémologique, d’un cadre humaniste vers une approche post-humaniste.
Cette présentation retracera l’évolution de mon approche de recherche, en soulignant les transformations du projet en réponse aux thématiques émergentes issues des données. Elle abordera les avantages et les inconvénients liés au fait de mener une recherche au sein de sa propre communauté, ainsi que les difficultés rencontrées dans la négociation de ma double position : professionnelle de la mode et chercheuse académique. Elle examinera la pertinence des méthodologies traditionnelles pour explorer les savoirs tacites, incarnés et pratiques, et proposera des pistes pour adapter et enrichir ces méthodologies afin d’étudier la mode en tant que monde social.